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Festivals de musiques actuelles, un modèle à réinventer

Par 27 octobre 2023Aucun commentaire

Le Syndicat des musiques actuelles publie son bilan 2023 de la saison des festivals. Ils ont fait le plein de public mais 43% d’entre eux sont en déficit et 90% s’inquiètent pour l’avenir. « Le modèle économique de festivals financés à plus de 85% par leurs recettes propres atteint ses limites. »

A l’analyse du bilan 2023 de ses festivals adhérents réalisé par le Syndicat des musiques actuelles (SMA), le constat s’avère contradictoire et inquiétant car il remet en question le modèle même du festival de musiques actuelles. Certes, le public est revenu : 55% des festivals adhérents ont affiché complet sur au moins une journée. Mais les comptes sont mauvais : 90% des festivals envisagent un avenir « assez complexe, voire très difficile ». D’où cette conclusion paradoxale « qu’une bonne fréquentation ne signifie pas un modèle à l’équilibre ». Ce que prouve ce chiffre inquiétant : 43% des festivals présentent une édition 2023 déficitaire, en moyenne de 115 400€.

Un faisceau de difficultés. Les raisons des difficultés financières des festivals, potentialisés par un contexte inflationniste conjugué à une explosion des charges (salaires, énergie, cachets, déplacements, hôtellerie, restauration…), sont à la fois sociologiques, organisationnelles, politiques, climatiques et juridiques.

  • Le retour des publics, effectif, privilégie les grands événements où se produisent des artistes déjà repérés : « Le fossé entre les quelques très gros festivals et les autres s’agrandit. »
  • Les modalités de la fréquentation se sont modifiées, privilégiant la réservation tardive, ce qui obstrue la visibilité des organisateurs et accroît l’impact des aléas climatiques tant sur la tenue même des événements (annulations, réorganisation des espaces) que sur la présence d’un public souvent démobilisé par les chaleurs extrêmes.
  • Les cachets grimpent, entraînant une hausse en moyenne de 20% des budgets artistiques entre 2022 et 2023.
  • Les coûts d’assurance et les frais de sécurité s’envolent : respectivement +56% et +26% de 2019 à 2022 (les festivals sont-ils encore assurables ? s’interroge le SMA).
  • Les règlementations sonores « se multiplient et se durcissent » : « Le nombre d’EINS (étude d‘impact sur les nuisances sonores) demandées est en augmentation malgré les défis techniques nécessaires et les problèmes soulevés par son application. » Quelle que soit leur bonne volonté, dont témoigne l’expérimentation du festival Marsatac avec Agi-Son, « il est clair que le parc de matériel de sonorisation existant ou encore les compétences et formations au sein des équipes ne peuvent répondre au niveau d’exigence très élevé de la réglementation ».
  • Enfin, alors que les aides exceptionnelles liées à la crise sanitaire se sont taries, « les événements déplorent des financements publics en berne, qui ne leur permettent pas d’être soutenus pour leur fonctionnement ».

Une périlleuse saison 2024. A toutes ces difficultés de fond s’ajoute la perspective d’une saison 2024 compliquée par sa concomitance avec les Jeux olympiques et paralympiques. Malgré les assurances du Gouvernement, plus de 20% des festivals ne sont toujours pas certains de la bonne tenue de leur prochaine  édition. De surcroît, la sur-mobilisation des services et matériels techniques et de sécurité par les JOP va en compliquer la disponibilité.

Appel. En préambule du bilan, le SMA reconnaît explicitement la fin programmée d’un modèle qui, s’il bénéficie d’une forte attente publique (dont témoigne notamment la fidélité des bénévoles), n’a plus les moyens d’y répondre. Avec en perspective un changement profond du statut des festivals de musiques actuelles et de leur fonction sociale, envisagé davantage « comme des acteurs culturels et sociaux que comme des entrepreneurs du divertissement ».

Se revendiquant de leur fonction majeure pour le développement des territoires, le SMA lance cet appel à la puissance publique : « Il est de notre responsabilité de concevoir des modèles résilients et adaptés aux enjeux d’aujourd’hui. Mais pour ce faire, nous avons besoin de l’aide de l’Etat et des collectivités locales, d’un accompagnement et d’un cadre protecteur pour réussir cette transition. »


A télécharger
Bilan de la saison 2023 des festivals du SMA