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Gérard de Vassal nous a quittés

Par 17 décembre 2019Aucun commentaire

Le vice-président d’honneur de la FNCC, qui a été l’un des membres fondateurs de la Fédération aux côtés notamment de Michel Durafour et de Jack Ralite, nous a quittés à l’âge de 93 ans, dans la nuit du 13 au 14 novembre 2019.
Gérard de Vassal, élu en 1953 à Boulogne-Billancourt, exercera son mandat d’élu local pendant près de 50 ans. Il n’aura jamais de cesse de militer pour la culture et pour son rôle à ses yeux majeur dans l’inclusion sociale, assistant jusqu’au bout, de manière assidue et active – passionnée –, aux travaux de la FNCC. Ce dont témoignent ces quelques extraits de ses récentes interventions lors des réunions des instances de la FNCC.

Gérard de Vassal expliquait volontiers aux nouveaux élus qui rejoignaient la FNCC les premiers pas d’une fédération à laquelle il était profondément attaché et qu’il estimait nécessaire pour l’avenir de la vitalité culturelle des territoires.

« En 1960, le ministère de la Culture s’intéressait à des grands projets comme les Maisons de la culture et ne prêtait pas attention aux villes. L’idée géniale de Michel Durafour, fondateur de la FNCC, a été de penser que les villes pouvaient promouvoir la culture. Jack Ralite, quant à lui, a beaucoup travaillé sur la vie culturelle interne des communes. Or en ces temps, les villes de France étaient en sommeil. A mon sens, l’année cruciale a été 1971. Avant, les villes n’avaient pas d’élus à la culture. C’est là que Michel Durafour et Jack Ralite ont été leader. La FNCC a été le geyser. »

Cette évocation des premiers temps de la FNCC n’était jamais dans le registre du regret. La modernité de l’intuition première du fondateur de la Fédération – la nécessité d’approfondir la décentralisation culturelle – était à ses yeux « prophétique ». Une conviction profonde qu’il a notamment exprimée lors de la préparation du temps d’hommage que la Fédération a consacré, en 2018, à la mémoire de plusieurs de ses grandes personnalités alors récemment disparues – Michel Durafour, Jack Ralite et Denise Foucard, résistante et première présidente de la FNCC. « A mes yeux l’important est qu’ils sont toujours avec nous aujourd’hui. On honore nos amis, non pas des disparus mais des êtres vivants, contemporains de nous. Ce qu’ils ont accompli est toujours en vie. »

La responsabilité de l’élu à la culture. Gérard de Vassal avait une extrême exigence quant au rôle et à la responsabilité de l’élu à la culture. Il doit être « un élu compétent, un élu qui a le rapport facile, ouvert et je dirais “orientateur”, avec les fonctionnaires comme avec les autres élus. » Sa responsabilité lui apparaissait aussi vaste que le champ de l’action politique en son entier : l’élu à la culture « est d’abord un élu pluridisciplinaire, à la disposition de l’ensemble des élus de la collectivité. Au travers de sa mission, il ou elle ne travaille pas pour un secteur particulier mais pour toutes et tous, au service de l’ensemble du champ des politiques publiques. Par exemple pour le handicap, le tourisme, l’économie… Aujourd’hui, l’élu à la culture a une fonction primordiale dans la société contemporaine que nous vivons. »

Le souci du patrimoine. Il portait une attention toute particulière au patrimoine. Ce n’était pas “la pierre” qu’il défendait dans le patrimoine mais la vie même. Ce qui valait aussi pour les archives, « histoire des personnes et des lieux ». Ainsi, au moment de la loi dite Elan, se disait-il « très inquiet des atteintes au rôle des ABF que porte cette loi – je crains beaucoup d’abus. De surcroît, c’est contradictoire avec la volonté de revitaliser les centres-villes. » Autre impératif, de ce point de vue : « que les villes moyennes ne cèdent pas devant les grandes surfaces. Une mise en garde est à faire. Si l’on veut revitaliser les centres-villes, il faut s’appuyer sur le commerce de proximité et sur la culture. »

Lors du temps d’hommage à Michel Durafour, Denise Foucard et Jack Ralite à Avignon (juillet 2018)

Le rôle social de la culture. Lors du Congrès de la FNCC (mars 2017), Gérard de Vassal a pour ainsi dire tracé la feuille de route pour l’engagement à venir de la Fédération. Une feuille de route imprégnée par une vive conscience de la responsabilité sociale, auprès des plus fragiles, des politiques de la culture.

A partir des années 2000, « il s‘est greffé sur l’élu à la culture une mission sociale qui n’existait pas préalablement. Que constatons-nous aujourd’hui ? Un pays où il y a malheureusement six millions de chômeurs et près de dix millions de personnes en difficulté. On doit avoir un regard constant, un regard d’amour sur chacune de ces personnes qui ont besoin de quelque chose qu’on ne peut leur apporter que par nous-mêmes. » Une exigence qui soulevait sa vive inquiétude quand il sentait peser une menace sur les communes et donc sur leur action de proximité. « Si on supprime les petites communes, une rupture sociale se produira à la base », prédisait-il.

En terminant son intervention au Congrès, Gérard de Vassal a souligné « la reconnaissance que nous devons avoir à l’égard de la FNCC et de son fondateur qui nous permettent d’être aujourd’hui tous ensemble pour vivre le devenir de la culture et de la France ». Et il a engagé tous les élus présents à poursuivre l’action de la Fédération : « Pour moi, la FNCC est une mère de famille. Elle m’a beaucoup aidé par sa pluralité et son esprit de tolérance au bénéfice de l’intérêt général. Sa force réside dans son œcuménisme intérieur. Il faut continuer. C’est indispensable. »