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Portrait culturel de Clohars-Carnoët

Par 19 octobre 2022Aucun commentaire

Anne Maréchal (à gauche) et Hélène Laz, chargée de la programmation et de la vie associative

Commune du Finistère intégrée à la communauté d’agglomération Quimperlé Communauté (16 communes, 56 000 habitants), Clohars-Carnoët compte 4 600 habitants, une population qui triple pendant la période estivale. Terre de culture mais aussi de sport qu’anime une dense vie associative, la Ville programme une saison culturelle variée et est à la source, avec plusieurs communes environnantes, du festival de théâtre de rue Les Rias. Anne Maréchal, 1re adjointe déléguée à la culture, au patrimoine et à la vie associative, décrit les principales orientations du projet culturel de Clohars-Carnoët à partir de cette conviction : « La culture est ce que nous sommes. »

Quelles sont les motivations qui vous ont conduit à vous engager en politique ? La délégation à la culture est-elle un choix de votre part ?

J’ai grandi dans une famille engagée, avec des parents militants dont un père politiquement très mobilisé et élu régional ; j’ai très tôt été en contact avec des femmes et des hommes militants. Mais le souhait de m’engager fait suite à la naissance de mes enfants. Nous étions à l’époque en plein débat quant à l’intérêt et à la nécessité de mettre en place la parité. Donner aux femmes leur juste place dans la société a toujours été pour moi une motivation d’engagement.

Mon parcours personnel m’a donné l’occasion de côtoyer artistes et œuvres, et mon père m’a intensément initiée au patrimoine. En tant qu’institutrice et élue, j’ai toujours été convaincue que notre société ne peut évoluer sans éducation populaire offerte à toutes et à tous, partout, pour enrichir l’intelligence collective, sans quoi notre société ne peut être un espace apaisé et démocratique. La culture en est l’un des éléments.

Comme j’aime à le dire, si on ne sait pas précisément à quoi sert la culture, quand on voit comment les pouvoirs totalitaires bâillonnent, assassinent les artistes et détruisent le patrimoine artistique, on comprend qu’elle est un rempart contre la dictature et une garantie pour la démocratie.

© Clohars-Carnoët

Quel rôle joue la culture dans une politique locale en territoire rural ? Est-ce pour l’animation ? Pour affirmer l’identité de la commune et de ses habitants ? Pour le développement économique, touristique ? Pour attirer de nouveaux habitants ? Pour le respect des droits culturels et la participation citoyenne ?

La culture et l’art sont des éléments importants du vivre ensemble. En partageant des moments autour d’œuvres, on apprend à se connaître. Mais ce sont surtout des moments de plaisir et d’émotion. Le premier moteur de notre politique est de proposer aux habitants, tout au long de l’année, de tels moments ainsi que des équipements de qualité pour favoriser la rencontre et permettre à toutes et tous de se nourrir de culture. Notre politique s’appuie sur la volonté de programmation d’artistes professionnels, à la fois pour offrir aux habitants et aux visiteurs des œuvres de qualité et pour soutenir l’emploi artistique.

Comment décririez-vous, d’un point de vue géographique et démographique votre territoire ? Quelle est sa problématique culturelle principale ?

Petite commune du sud Finistère de 4 600 habitants, Clohars-Carnoët est une commune très touristique : la population estivale triple la population résidentielle. Cet afflux de visiteurs pouvant créer des tensions dans la population locale, il était impératif de créer des endroits, des moments de partage. Le monde associatif participe activement à cela – à ce que les publics se côtoient.

La culture est populaire par essence ; elle nous définit, elle est ce que nous sommes.

Ce qui reste pour moi un défi est que le public, pour des raisons historiques, sociales ou autres, ne se sente pas accueilli, attendu, dans nos espaces culturels. La culture est malheureusement perçue par beaucoup comme un domaine élitiste, qui demande de l’expertise ; même si les festivals et les cinémas connaissent une belle affluence, le théâtre par exemple, tout comme les expositions, reste trop souvent « boudés » par de nombreux Cloharsiens et Cloharsiennes.

Votre ambition, vos priorités ?

Créer des équipements et événements de qualité, exigeants, qui rassemblent.

Quels sont les atouts culturels de votre commune ?

Quand l’équipe municipale a été élue, la collectivité ne disposait d’aucun équipement culturel et n’organisait aucun événement. Développer la culture faisait partie de nos engagements de campagne.

Aujourd’hui, nous disposons d’une médiathèque, d’une ludothèque, d’un espace de pratique artistique et d’événements de spectacles vivants et d’arts visuels reconnus. Nous avons maintenant une saison culturelle, de septembre à avril, avec environ huit spectacles de toutes esthétiques : un festival lyrique, une programmation de spectacle de rue l’été (les « Sorties de bain », tous les dimanches soir en juillet et août), un festival du jeu sur deux jours. Nous proposons également une à deux expositions d’envergure par an.

© Clohars-Carnoët

Nous sommes aussi, avec deux autres communes littorales voisines, à l’origine du festival de théâtre de rue Les Rias qui se déroule sur le pays de Quimperlé. Nous avons aussi réhabilité la « Buvette de la plage » au Pouldu – établissement célèbre pour avoir accueilli Paul Gauguin et ses amis. Le site est actuellement en plein développement, avec la création prochaine d’un centre d’interprétation.

La commune bénéficie d’une très forte vie associative, à la fois culturelle (surtout dans le domaine du patrimoine) et sportive (Clohars-Carnoët a été labellisée l’an dernier « Ville européenne sportive »). Sport et culture sont des piliers de l’éducation populaire, deux vecteurs d’activité qui renforcent les liens entre les personnes. Par ailleurs, l’une de nos associations propose au mois de juin un festival du livre jeunesse qui mobilise tous les enfants de l’intercommunalité. A souligner aussi un festival autour des sports et de la culture de glisse (surf, skate…).

Quelle est la place de la culture « populaire » et de la vie festive ?

La culture est populaire par essence ; elle nous définit, elle est ce que nous sommes.

La Maison-musée du Pouldu © Clohars-Carnoët

Quelles principales difficultés rencontrez-vous : conscience insuffisante quant à l’importance des enjeux culturels de la part des autres élus, désintérêt des habitants… ?

La culture a toujours été un marqueur de notre équipe et fait sans doute la différence.

Etes-vous conseillère communautaire ? Quels rapports avec l’intercommunalité ? Avec des communes voisines ?

Je ne suis plus élue communautaire mais j’étais élue départementale déléguée à la culture et présidente de l’agence culturelle départementale CultureLab lors du précédent mandat. J’ai pu à cette occasion initier des échanges et créer des partenariats. Nos liens avec l’intercommunalité sont d’autant plus étroits que Jacques Juloux, le maire de la commune, en a été le vice-président à la culture. Lui comme moi sommes très engagés dans ces domaines.

La balade du Pouldu © Clohars-Carnoët

Quels sont vos rapports avec les autres instances institutionnelles ?

Nous avons créé de nombreux liens avec la DRAC au cours des différents projets engagés par la commune.

Quel serait votre idéal de vie culturelle ?

Je pense qu’aujourd’hui nous proposons de très belles choses et j’aimerais que chacun s’en empare avec simplicité, sans préjugé. Il existe toujours une « hostilité » à tout ce qui peut être culturel, fruit sans doute d’une incompréhension et du sentiment de ne pas se sentir concerné. A nous, élu.e.s, de trouver les modalités pour que chacune et chacun trouve sa place selon ses envies.

Quelles raisons vous ont-elles conduite à adhérer à la FNCC ? Qu’en attendez-vous ?

L’importance de partager des expériences, l’envie de toujours me former.

Exposition de Jean Jullien à la Chapelle © Clohars-Carnoët

Exposition Jean Jullien à la Chapelle © Clohars-Carnoët

Propos recueillis par Vincent Rouillon