Le Pass culture est au cœur de l’actualité avec l’annonce de sa refonte par la ministre de la Culture qui souhaite que le dispositif propose un meilleur accompagnement des jeunes pour une plus grande diversification des publics et des pratiques culturelles. Il fait face, par ailleurs, à des questionnements sur sa justesse, sur son budget ou encore sur la reproduction sociale qu’il induirait. C’est dans ce contexte, et parce que la FNCC se veut « Plus accessible, plus forte, plus libre » notamment dans les débats comme l’a rappelé le président qui animait cet échange, que cette table-ronde proposait d’interroger les succès et les limites du dispositif.
Faire confiance aux jeunes. Pour Claude Poissenot, enseignant-chercheur à l’IUT Nancy-Charlemagne et au Centre de recherches sur les Médiations, il y a un manque de prise en compte des jeunes dans le débat alors que les statistiques montrent qu’ils plébiscitent le dispositif. Par ailleurs, selon lui, le Pass culture n’est pas seulement un outil de reproduction sociale mais aussi de démocratisation bien qu’il y ait effectivement un effet d’aubaine. En témoignent les retours très parlants des libraires sur le succès du dispositif dans leur domaine d’activité.
Enfin, sur la question de la diversification des pratiques culturelles, le sociologue explique qu’il est important que les jeunes puissent s’approprier la culture, qu’ils puissent la définir. C’est ce que leur permet le Pass culture tel qu’il est actuellement et les chiffres montrent une diversification déjà présente avec seulement 1/3 des dépenses pour les « nouvelles cultures » (mangas, romances, etc.).
Un travail nécessaire en amont du Pass culture. De son côté, Chantal Barthélémy, maire-adjointe de Colombes et conseillère départementale des Hauts-de-Seine, a témoigné de l’importance d’un travail en collaboration entre le dispositif et les collectivités locales à plusieurs niveaux. D’abord, la présence d’un pass culture et sport de 190 euros à destination des collégiens dans le département des Hauts-de-Seine permet aux jeunes de s’approprier le Pass culture dès qu’ils y ont accès.
Ce pass local a également été l’occasion d’une première démarche de diversification des pratiques. En effet, les premiers temps, les jeunes avaient tendance à dépenser l’intégralité de leur budget soit pour le sport, soit pour la culture. Le Département a donc pris la décision de réserver 20% du budget à l’un des deux. Les résultats de cette démarche sont positifs car les jeunes se tournent vers des pratiques hors de leur zone de confort pour ne pas perdre cet argent. Par ailleurs, l’élue explique que c’est notamment par l’investissement dans l’Education Artistique et Culturelle que les collectivités locales amènent les jeunes vers la diversification culturelle. De ce point de vue, la part collective est un réel appui mais la transmission des chiffres territoriaux du dispositif pourrait permettre de cibler ces actions.
En conclusion, Jean-Philippe Lefèvre explique que si la FNCC avait beaucoup d’interrogations vis-à-vis du Pass culture il y a 5 ans notamment parce qu’il n’y avait que de la diffusion, l’intégration de la part collective et de la possibilité de l’utiliser pour pratiquer un art a changé la donne. Aujourd’hui, le dispositif compte 1461 collectivités locales actives sur son application mais les élu.es locaux ont besoin d’un retour plus systématique des chiffres territoriaux pour pouvoir affiner leurs offres à destination des jeunes et cibler les actions d’EAC. Enfin, sur la problématique de la mobilité dans les territoires ruraux dans le cadre des actions mises en place grâce à la part collective, le président avance que l’itinérance artistique et culturelle pourrait être une réponse.
Mercredi 20 novembre – Pavillon 6
- 10h30-11h – Espace Culture – Pass culture : succès et limites ?
Après une première évolution en 2022, avec une part collective attribuée aux collèges et aux lycées qui s’est ajoutée à la part individuelle, la ministre de la Culture annonce des adaptations du Pass culture pour un meilleur accompagnement des jeunes, en vue d’une plus grande diversification des publics et des pratiques culturelles. Dans ce contexte, cette table-ronde propose d’interroger l’implantation de ce dispositif dans les collectivités territoriales, d’évaluer ses succès et ses limites, et d’explorer des pistes d’évolution au-delà des postures.
Table-ronde animée par Jean-Philippe Lefèvre, Président de la FNCC, Vice-président à la culture du Grand Dole et Conseiller municipal à la culture de Dole
Intervenants : Chantal barthélémy-Ruiz, Maire-adjointe à la culture, aux mémoires et patrimoines historiques, aux cultes de Colombes ; et Claude Poissenot, enseignant-chercheur à l’IUT Nancy-Charlemagne et au Centre de recherches sur les Médiations, auteur de l’article « Qui veut la peau du Pass culture ? ».