Avec la publication du rapport des sénatrices Else Joseph, Sylvie Robert et Monique de Marco sur l’évaluation du volet « Création » de la loi LCAP et leur alerte « majeure sur l’inquiétante remise en cause, de plus en plus fréquemment, des libertés de création et de diffusion », le sujet de la table-ronde était tout à fait d’actualité. La FNCC s’est emparée de ce débat après un premier atelier lors de son Congrès à Marseille en avril 2024 avec la création d’un groupe de travail sur la liberté de création pour traiter le sujet « sans posture et sans clivage droite-gauche » comme le précise Alexie Lorca, adjointe au maire de Montreuil et vice-présidente de la FNCC.
L’importance du cadre législatif. Benoît Careil, adjoint au maire de Rennes et vice-président de la FNCC, explique que dans la majeure partie des cas, ce sont des personnes de tous bords politiques qui veulent empêcher une représentation et que c’est parce qu’il s’agit de sujets de société que c’est de la responsabilité de l’élu.e de chercher une solution. De son côté, Claire de Causans, adjointe au maire d’Arles et vice-présidente de la FNCC, indique – en s’appuyant sur son expérience avec les opposants à la corrida – que ces situations peuvent demander « beaucoup de doigté » pour en sortir. Les trois intervenants s’accordent à dire que le premier outil sur lequel les élu.es doivent s’appuyer est le cadre législatif posé par la loi LCAP notamment avec les articles 1 et 2 qui indiquent respectivement que la création artistique ainsi que sa diffusion sont libres et prévoient des sanctions.
Outre ce cadre législatif, il faut garder à l’esprit la « double responsabilité de l’élu.e », rappelée par Benoît Careil, qui consiste en la protection de la liberté des artistes d’un côté et de l’autre, la préservation de l’ordre public qui peut nécessiter l’interdiction d’une représentation s’il est menacé. Cette position peut mener les élu.es « à penser contre eux-mêmes », selon les mots d’Alexie Lorca, car ils doivent entendre toutes les parties.
La définition du rôle de l’élu.e. Dans les travaux du groupe, un deuxième outil a émergé : celui de la définition du rôle de l’élu.e entre grand principe et exception. L’élu.e, donc, définit des orientations de politiques culturelles dont la mise en place revient aux structures culturelles du territoire en maintenant un dialogue continu. Il n’est, toutefois, pas question « de s’ingérer dans leur mise en œuvre » comme l’indique Alexie Lorca. Pour autant, il faut prendre en compte que la question n’est pas la même dans les petites communes où il n’y a pas de service culturel.
La médiation et l’invitation au débat : une clé de voûte pour le maintien de la liberté de création. Une dernière idée qui fait l’unanimité est celle d’une préparation collective aux situations conflictuelles entre liberté d’expression des artistes et de programmation et indignation ou opposition des citoyens. Cette préparation repose sur l’organisation du dialogue pour permettre la confrontation des opinions et la mise en débat. Ce socle d’approche met en valeur l’importance du travail de médiation qui doit se faire dans les structures culturelles. L’occasion pour Alexie Lorca de pointer le contexte budgétaire inquiétant car la médiation coûte cher.
Le groupe de travail sur la Liberté de création de la FNCC a pour objet l’élaboration d’une « boîte à outils » ou d’une feuille de route pour gérer ces situations en mêlant, notamment, le travail législatif réalisé par les sénatrices avec le travail de terrain effectué par les élu.es locaux.
Mercredi 20 novembre – Pavillon 6
- 15h45-16h15 – Espace Culture – Censure et autocensure : quels outils et quelles solutions pour les élu.es ?
Alors que le volet « Création » de la loi LCAP de 2016 donne actuellement lieu à une mission sénatoriale, la question de la censure et de l’autocensure des acteurs du secteur culturel se pose sur le territoire français. Quels sont les outils et les solutions à la disposition des élu.es territoriaux pour construire une relation saine et renforcer les liens et le soutien entre les politiques culturelles territoriales et la création ? Témoignages et retours d’expérience.
Table ronde animée par Alexie Lorca, Vice-présidente de la FNCC, Maire-adjointe déléguée à la culture et à l’éducation populaire de Montreuil.
Intervenants : Claire de Causans, Vice-présidente de la FNCC et Maire-adjointe à la culture et à la vie associative d’Arles ; et Benoît Careil, Vice-président de la FNCC et Maire-adjoint à la culture de Rennes.