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ActualitésNotes et contributionsQuestions territoriales

La culture, une ambition pour les personnes

Par 12 septembre 2019octobre 7th, 2019Aucun commentaire
Les rencontres de Think Culture, organisées par News Tank Culture depuis 2016, se proposent de penser les nouveaux enjeux de la culture. Celle du 10 septembre 2019 avait pour thématique “La culture et les collectivités territoriales : une ambition pour les territoires plutôt qu’une variable d’ajustement ?”
Echos de l’intervention de Marie ROCHETTE DE LEMPDES, vice-présidente de la FNCC et maire-adjointe à la culture de Belfort.

 

Une variable d’ajustement ? Non. La formulation du thème de ce débat s’avère d’emblée problématique. Elle suppose en effet implicitement une attitude de dédain, voire d’instrumentalisation, de la culture par les collectivités. Or d’une part, pour la majorité des élus, la culture n’est aucunement une “variable d’ajustement” et, d’autre part, pour reprendre une formule de Jean Blaise, directeur artistique de spectacles à Nantes et notamment fondateur de “Le Voyage à Nantes” : « Il n’y a pas de politique culturelle sans élu. »

Les chiffres de l’Observatoire des politiques culturelles (OPC) montrent que les subventions sont stables, qu’elles progressent dans la plupart des territoires et que les baisses sont rares. La “Note de conjoncture sur les dépenses culturelles de collectivités territoriales et de leurs groupements (2017-2019)” indique que, malgré des difficultés de lisibilité dues au rôle non encore stabilisé des EPCI, la culture est, et de plus en plus, une “ambition” que portent les collectivités :

  • « Les tendances pour cet exercice indiquent une hausse de l’effort culturel pour un nombre plus grand de collectivités et EPCI que lors de l’exercice précédent : toutes catégories confondues, 30% des répondants indiquaient une hausse de leur effort culturel en 2016 ; ils étaient 46% en 2017 ; en 2018, ils sont 56% à déclarer augmenter leur engagement en fonctionnement. Un tiers des répondants indique réduire leurs moyens en faveur de la culture entre 2017 et 2018, et 11% affichent une stabilité. »

Tendance 2019, toujours selon la Note de conjoncture :

  • « Par rapport à l’exercice précédent, la tendance à la stabilité augmente fortement du côté des régions (aucune des 9 régions répondantes n’envisage une baisse en 2019), des métropoles et des villes de plus de 100 000 habitants. » Et si les prévisions d’engagement sont plus fragiles pour les départements, les projections de baisse et d’augmentation tendent à s’équilibrer.

Une “ambition pour les territoires” ? C’est en fait une ambition pour les personnes. La notion de “territoire” est géographique. Les élus s’engagent pour les gens, les personnes, non pour le territoire – le territoire est un fait, une donnée, non un projet, une responsabilité : une ambition pour les personnes anime les élus plutôt qu’une ambition pour les territoires. Et l’évolution de la société permet de multiplier les contacts.

Pour les départements, par exemple, compétence sociale et engagement culturel se mêlent souvent (des dépenses croisées difficilement comptabilisables) :

  • dans l’Aveyron, la vice-présente à la culture, Christine Presne, présente ainsi son dispositif central “Culture et lien social” : « Ce dispositif a été inauguré, à titre expérimental en 2016. Son succès nous conduit à le prolonger jusqu’en 2021 – date de fin du mandat – afin de toucher l’intégralité du territoire. Là, nous sommes véritablement au cœur de notre métier culturel et de notre mission politique. »
  • en Loire-Atlantique, Catherine Touchefeu mène aussi un travail particulier sur l’articulation entre la culture et le social, avec ce propos : « Par sa capacité de vecteur d’échange, la culture remplit aussi un important rôle social. La force de son dynamisme fait qu’on ne peut pas se passer de la culture – c’est tout sauf une variable d’ajustement budgétaire. »

A Belfort, la redynamisation de la Fête de la musique est également un exemple de cette attention aux personnes. La direction culturelle est le “doux détonateur” pour des événements : le rôle de mise en relations de trois catégories d’habitants (artistes, acteurs privés et agents municipaux) est primordial. Ou encore, toujours à Belfort, “Le Mois de la Photo” et de “La Nuit des Arts” (jazz et exposition de photographies et peintures…), manifestations qui sont organisées là aussi grâce aux liens développés entre les partenaires accueillants – commerces, acteurs culturels (scène nationale…) et services de la mairie (bibliothèques, musées…) – et les accueillis : les artistes. Des liens tissés au bénéfice de la troisième catégorie d’habitants concernés que sont les spectateurs !

Pour la FNCC, par sa transversalité, par ses fonctions sociales et donc par sa diversité et par son rôle majeur pour la construction de ce que nous sommes, individuellement et collectivement, la culture est à la fois l’outil et la finalité du politique : une ambition pour les personnes, pour la société.