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Portrait culturel de Biganos

Par 22 juin 2023Aucun commentaire

Bérangère Hérissé, maire-adjointe à la culture de Biganos

“Porte d’entrée” du Bassin d’Arcachon, Biganos (11 000 habitants) est un territoire de forte attractivité, riche d’une identité et d’un dynamisme économique et culturel propres, qui attire de nombreux nouveaux habitants, venus notamment de Bordeaux, capitale régionale toute proche. Aujourd’hui, la municipalité a entrepris une refonte en profondeur de ses politiques culturelles, dans le sillage des droits culturels et de la participation citoyenne. La maire-adjointe à la culture, Bérangère Hérissé, expose les principales orientations qui guident son premier mandat ainsi que la grande ambition culturelle de la Ville : la construction d’ici 2026 d’un lieu de vie participatif regroupant plusieurs services et équipements dont une bibliothèque « tiers-lieu » qui en constitue le projet-phare.

Quelles motivations vous ont-elles conduite à vous engager en politique ?

J’ai toujours été engagée auprès des autres, dans le milieu associatif par exemple, et c’est le maire qui m’a sollicitée pour faire partie de son équipe de campagne et réfléchir au projet à proposer aux habitants de Biganos. Nous avons écrit collectivement le projet de mandat, ce qui m’a beaucoup intéressé.

La délégation à la culture est-elle un choix de votre part ?
Ma sensibilité culturelle et ma pratique artistique correspondent à ce mandat que j’ai débuté en tant que conseillère municipale chargée de l’éducation artistique et culturelle, avec des ponts entre la jeunesse et la culture. Mais il y a un an, l’adjointe à la culture a proposé que nous échangions nos mandats. Depuis, nous travaillons toujours ensemble au sein du pôle “Vie culturelle, associative, citoyenne et sportive” avec l’ensemble des élus qui le composent.

Comment décririez-vous votre territoire ?

Biganos est une commune peuplée de 11 000 habitants aux profils bien différents. Il y a celles et ceux installés depuis de générations, qui tiennent à leur terre et en sont fiers, mais aussi leurs enfants, partis un temps puis revenus y vivre. Enfin, les néo-ruraux attirés par une ville à taille humaine, dotée de tous les services, à 30 minutes de Bordeaux et 2 heures de Paris.

Quelle est sa problématique culturelle principale ?

Biganos est la première ville du Bassin d’Arcachon à s’être dotée, dès 1995, d’un équipement entièrement dédié à la culture, la salle Lucien Mounaix. Les artistes que nous recevons sont unanime quant à la très bonne qualité de cette salle de 228 places. Cependant, le travail en réseau avec les autres acteurs culturels du territoire mérite encore d’être développé, d’où nos efforts, depuis le début du mandat, pour rétablir des partenariats dont certains se sont perdus. Par ailleurs, la bibliothèque n’est plus adaptée à une population plus dense et dont les usages ont évolué. Un nouveau projet est donc en route.

Fête de la ruralité, Bokale Brass Band

Est-il difficile de défendre les enjeux culturels au sein du conseil municipal ?

Non. Nous savons tous que si la culture a la réputation de coûter cher, elle est le socle du vivre ensemble. Ainsi la Ville, qui a toujours défendu la culture – ce dont les élus et les services sont fiers –, a en projet la construction d’un lieu de vie regroupant la médiathèque, le service culture, le service vie associative, sportive et citoyenne ainsi que le centre social associatif, avec un restaurant en économie sociale et solidaire. Ce bâtiment sera édifié en 2026, à côté de l’Espace culturel. Il aura pour vocation d’être un lieu de concertation citoyenne, jusque dans sa gouvernance.

Biganos est une ville du Bassin d’Arcachon à forte attractivité touristique. Quel rôle politique et social joue la culture ?

Nous essayons de soutenir les artistes et la création artistique au travers d’actions de médiation et par l’accueil de troupes en résidence mais aussi de développer la lecture publique. Plus généralement, notre approche s’appuie sur le principe des droits culturels. Nous avons ainsi commencé à réécrire l’ensemble des politiques publiques en participation avec les citoyennes et les citoyens, en commençant par la vie associative et en mettant autour de la table les élus et leurs services, les associations et les habitants, chaque parole étant considérée à égale valeur, avec la volonté que l’intelligence collective soit au cœur de toutes nos politiques publiques. Pour la culture, nous avons également associé des étudiants en master ingénierie culturelle de Bordeaux, en lien avec Science-po Bordeaux. Ce travail, toujours en cours, aboutira à la création de nouveaux espaces de partages, à des temps de rencontres et à la mise en réseau des acteurs culturels.

Quels sont les principaux axes de votre politique culturelle ?

Forts de la conviction profonde que la culture constitue un moteur essentiel du développement du territoire, le projet culturel des élus est de faire de Biganos un territoire de créativité. Il s’articule autour de deux valeurs fondatrices : d’une part, placer la culture au cœur du projet politique en l’articulant étroitement à la réflexion urbaine et d’autre part, selon une logique non sectorielle, penser une culture transversale, conçue comme un élément de dynamique urbaine qui relie les différents domaines (éducation, social, jeunesse, enfance…). En résonnance à d’autres mouvements à l’œuvre sur la commune, la culture est considérée comme un enjeu social majeur : que chaque Boïenne et Boïen se sente citoyen d’une même commune, partie prenante d’un projet collectif d’épanouissement humain et de cohésion sociale.

De cette approche, dont témoigne le projet de Tiers-lieu culturel citoyen qui verra le jour en 2026, ont émergé trois piliers, chacun articulé autour d’objectifs opérationnels.

  • Promouvoir l’accès de tous à la culture et ce, dès le plus jeune âge, par une politique volontariste. Objectifs : favoriser la pratique artistique et culturelle, connaître et accompagner les publics en ajustant l’offre et la pratique culturelle, informer et penser et/ou conforter des lieux culturels structurants.
  • Promouvoir la création artistique et la présence de l’artiste, des œuvres au cœur de la ville. Avec trois objectifs opérationnels : travailler avec les artistes et les porteurs de projets artistiques, ouvrir le territoire aux initiatives artistiques et développer la présence des œuvres artistiques dans la ville, enfin privilégier le partenariat de collaboration.
  • Affirmer un service public tourné vers l’avenir, de qualité, marqueur de territoire et d’innovation. Objectifs : conforter et renforcer la richesse évènementielle et festive, développer la culture scientifique, technique et numérique, faire s’épanouir une agora culturelle permanente, asseoir la diversité de notre patrimoine et contribuer à l’ancrage des racines identitaires de la ville, inscrire Biganos dans un système ouvert sur le monde en promouvant la notion d’humanisme culturel et créer un tiers-lieu qui permettra de valoriser la citoyenneté culturelle.

La ville dispose déjà d’un espace culturel avec importante programmation cinématographique. Quelle est votre action pour le cinéma ?

L’activité cinématographique de la salle de spectacle est déléguée à une société qui gère la salle actuelle et construira un nouveau cinéma à côté de la gare. Nous travaillons ensemble depuis peu, mais avec de nombreuses perspectives de partenariats avec d’autres exploitants du Bassin d’Arcachon.

La vie d’une commune est passionnante. Il faut placer la culture au cœur de toutes les politiques publiques et créer des ponts avec les autres communes du territoire.

Quels sont les principaux atouts culturels de votre commune ?

Outre la saison culturelle proposée à l’année, la Ville organise des temps forts : “Village des associations”, “Semaine street culture” et le festival de la jeunesse “Week-end Big’Asia”, “Noël magique”, “Printemps citoyen”… La Ville participe également aux événements nationaux – “Nuit de la Lecture”, “Partir en livre” – et départementaux : “Lire élire !”, “Y’a d’la Voix dans vos bibliothèques”. En août, c’est la Fête de la ruralité et du bois…

Séance de conte à la bibliothèque de Biganos

Vos principales difficultés et/ou principaux manques ?

La vie d’une commune est passionnante. Il faut placer la culture au cœur de toutes les politiques publiques et créer des ponts avec les autres communes du territoire. J’aimerais avoir plus de temps à consacrer à mon mandat et mieux aider à créer des réseaux.

Biganos fait partie de la communauté d’agglomération du Bassin d’Arcachon Nord. Etes-vous élue également métropolitaine ? Quels sont vos rapports avec l’intercommunalité ?

Personnellement, en tant que fonctionnaire territoriale dans une collectivité voisine appartenant à la même communauté d’agglomération, je n’ai pas le droit d’être élue communautaire. Pour autant, nous essayons de mettre en place des espaces d’échanges entre élus et techniciens des villes du bassin d’Arcachon. La réécriture de nos politiques publique que nous avons entreprise favorise la recherche de liens.

Urban Street Week-end

Quels sont vos rapports avec les autres instances institutionnelles   Département, Région, avec la DRAC ?

Nous travaillons actuellement avec la DRAC au projet de bibliothèque tiers-lieu déjà évoqué. Elle en est le projet-phare et se doit d’incarner un lieu de vie mixte et chaleureux, où tout un chacun nourrit l’envie de s’y rendre sur son temps libre. Il s’agit de créer des communautés, de fédérer les habitants autour de sujets communs afin que chacun construise « sa » bibliothèque en fonction de ses besoins, de ses usages et de ses centres d’intérêts. Donc un lieu où la rencontre, l’étude, la formation et la recherche s’entremêlent au bénéfice d’enjeux croisés et où les citoyens pourront s’engager dans la vie quotidienne de la bibliothèque selon différentes modalités : participation au choix de la programmation, échanges de savoirs et savoir-faire, coups de cœur, Club Lecteurs, cercles d’acquéreurs, rédaction de la charte d’accueil et des conditions de prêts, choix des mobiliers et aménagement d’espaces, réflexion sur les réseaux sociaux, compte Bookstagram, etc. Autant de démarches pour faire émerger des projets et des envies collectives, autant de moyens pour penser le vivre-ensemble et le projet culturel et la ville de demain.

Quel serait votre idéal de vie culturelle à Biganos ?

Une vie culturelle basée sur la participation citoyenne, où les droits culturels sont affirmés et portés haut et fort par toutes et tous, habitants, élus et techniciens.

Estimez-vous que les concertations entre collectivités et avec l’Etat sont suffisamment développées ?

L’Etat est très engagé sur la culture mais il lui reste du chemin à faire vers les villes, surtout les petites villes comme la nôtre. Si vous n’allez pas chercher les partenaires, ils ne vous sollicitent pas vraiment en tant que partenaires. Du côté des collectivités, on a une image des institutions politiques comme financeurs, rarement comme partenaires ; il faut s’ouvrir les uns aux autres et davantage dialoguer. Un changement de paradigme est également nécessaire quant à la relation Etat/collectivités ; mais cela ne peut pas venir que d’un seul côté. La co-construction est donc indispensable.

Quelles raisons vous ont-elles conduite à adhérer à la FNCC ? Qu’en attendez-vous ?

La co-construction entre acteurs culturels (instituions, artistes, collectivités, …) ne pourra se faire que si nous sommes fédérés, d’où la FNCC. Une évidence donc ! Je suis par ailleurs convaincue que la culture doit être curieuse de l’autre dans sa différence et sa singularité et qu’on est plus forts à plusieurs. Nous associer à d’autres communes, différentes ou non, relevait pour moi, là encore, d’une évidence. Plus personnellement, je suis toujours avide de rencontres et de formation – apprendre et échanger sont les grandes forces de l’être humain. C’est aussi ce que j’attends de cette jolie fédération.

Propos recueillis par Vincent Rouillon


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