
Marie Bellon, maire de Villar Loubière
La commune de Villar Loubière, qui compte 54 habitants, est située dans la vallée très encaissée du Valgaudemar dans les Hautes-Alpes. Marie Bellon, présidente de l’Association des maires ruraux du Département et maire du village depuis 2017, nous présente les principales orientations de sa politique culturelle et les défis auxquels elle fait face dans un territoire non seulement rural mais également isolé.
Quel est le rôle de la culture dans une commune comme la vôtre ?
C’est important car cela réunit les gens et cela fait vivre le village. Pour la petite histoire, quand je suis arrivée ici, le bâtiment de la mairie était vide et abandonné puisque nous occupons à présent l’ancienne école qui a été rénovée par le précédent maire.
Avec mes conseillers, nous nous sommes dit que c’était dommage que ce bâtiment reste à l’abandon. Nous avons donc décidé de le louer. Parmi les personnes qui se sont présentées, il y avait un artiste plasticien qui a obtenu la maison. Il est venu me voir par la suite pour me dire qu’après avoir fait des recherches, il avait appris qu’un roi Burgonde du nom de Godemar se serait retiré dans la vallée au VIe siècle d’où le nom de Valgaudemar. Il m’a proposé la création d’un festival autour de cette histoire.
C’était en 2019. Depuis, nous l’avons créé et nous essayons de le faire vivre. Ce n’est pas toujours facile de le rendre attractif auprès des habitants et même au sein du Conseil municipal – j’ai parfois du mal à faire voter certaines subventions – mais c’est un festival qui a du succès et nous travaillons avec d’autres communes ce qui nous permet de l’étendre sur toute la vallée et pas seulement à Villar Loubière.
Quels sont vos liens avec l’intercommunalité ? A-t-elle la compétence culture ?
L’intercommunalité a bien la compétence culture. Je faisais d’ailleurs partie de la commission culture lorsque nous avons créé le festival Godemar. Il faut savoir que notre Communauté de communes réunit deux vallées : Champsaur et Valgaudemar. Et le Champsaur est beaucoup plus gros que le Valgaudemar. La difficulté avec une intercommunalité dont les territoires sont déséquilibrés comme ici, c’est de faire converger les intérêts pour que toutes les communes soient irriguées de la même manière. L’intercommunalité ne soutient pas financièrement le festival, mais ces dernières années elle en fait la publicité sur le territoire. J’ai dû approcher les maires des autres communes du Valgaudemar pour les convaincre de soutenir l’évènement. Aujourd’hui, ce sont les huit communes de notre vallée qui donne des subventions pour le faire fonctionner.
Un autre exemple est celui de l’ancien moulin à eau situé à Villar Loubière. L’ancien maire en avait donné la compétence à l’intercommunalité. Le toit en chaume nécessitait d’être restauré depuis plusieurs années. Je me suis battue pendant deux ans pour que les subventions nécessaires à ces travaux soient allouées et cela va se faire, mais cela a été un long parcours.
Quels principes guident votre action ?
J’ai toujours baigné dans les arts et la culture avec un oncle qui a dirigé une école des beaux-arts en son temps et ayant moi-même fait les beaux-arts. Pour moi, la culture est un enrichissement et une ouverture sur le monde. C’est extrêmement important même pour des petits villages comme le nôtre.
Le repas Burgonde que nous organisons tous les ans, en plus du festival, permet de découvrir beaucoup de choses. Le traiteur est passionné par la cuisine moyenâgeuse et travaille son menu dans ce sens. Nous convions aussi des artistes et organisons des expositions. Cette année, ce sera sur le thème des Bretous qui sont des personnages légendaires. Le repas sera accompagné par la création de parcours de promenades avec des panneaux qui raconteront ces légendes.

Le repas Burgonde
Un bilan de fin de mandat ?
Je pense que ce qui a vraiment marqué mon mandat culturellement, c’est d’avoir accepté de créer un festival aux côtés d’Olivier Dalmon et d’être allée vers les autres maires pour leur expliquer le projet et les convaincre d’y participer. Si je suis réélue, je poursuivrai le travail avec le festival Godemar qui prend de l’ampleur pour le consolider. Je continuerai également à organiser des repas thématiques et des expositions pour faire vivre la culture à Villar Loubière. C’est important de continuer à proposer des choses dans les petites communes car bien que cela ne soit pas toujours des succès dès le début, cela peut fonctionner petit à petit.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis de la FNCC ?
De continuer à vous battre pour que la culture ne perde rien malgré les coupes budgétaires et pour que nous ayons toujours plus pour la culture. J’ai adhéré parce que la FNCC a un poids important et une voix qui se fait entendre sur tous les fronts de la culture. C’est très important.
Propos recueillis par Noémie Picard