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Portrait culturel de Villeparisis

Par 16 février 2022Aucun commentaire

Christine Ginguené, maire-adjointe à la culture et aux jumelages de Villeparisis

Avec 27 000 habitants, Villeparisis (Seine-et-Marne) fait partie de la grande communauté d’agglomération Roissy Pays de France (42 communes, 354 451 habitants), ce qui, pour Christine Ginguené, maire-adjointe à la culture et aux jumelages et membre de la commission culture de la communauté d’agglomération, représente un réel appui pour la mise en œuvre de son projet. Un projet inspiré d’une approche par la participation et la contribution citoyenne dans l’esprit des droits culturels et qui, dans une ville dont la population est très jeune, fait notamment de l’éducation artistique et culturelle l’une de ses priorités.

Le mandat à la culture est-il un choix de votre part ?

J’étais auparavant élue de l’opposition. Le choix de ce mandat est guidé par mon appétence pour la culture et par mon souhait d’en promouvoir une conception qui ne soit pas élitiste.

Comment décririez-vous votre territoire ?

Villeparisis est une ville assez grande et une ville jeune – 23% des jeunes ont entre 0 et 14 ans –, en limite de la Seine-Saint-Denis, assez bien desservie par les transports. Il y a un quartier classé en Quartier politique de la ville et un autre qui devrait l’être prochainement, mais ce n’est pas pour autant une ville pauvre. Autre caractéristique, une vie associative assez faible dans le domaine culturel comparé à celui du sport. L’enquête que nous avons réalisée dans le cadre de la participation citoyenne fait apparaître un désir de la part des jeunes qu’on aille à leur rencontre et qu’on agisse pour la culture. Un constat qui préside à une action volontariste de notre part pour renforcer le sentiment d’appartenance des habitants à une ville où il fait bon vivre. Nous allons travailler à l’enrichissement du maillage social entre les familles et les quartiers.

Quelle est la fonction d’une politique culturelle ?

Je pars du principe que la culture fait partie de chacun d’entre nous, que nous avons tous une culture en partage. C’est une source d’épanouissement personnel qui renforce l’estime de soi. Aussi un outil d’échange, de tolérance, d’ouverture à l’autre et de résistance contre les pensées régressives, porteur d’un enrichissement mutuel vertueux. Avec pour finalité sous-jacente d’œuvrer pour un monde plus pacifique.

Spectacle dans le cadre du partenariat avec CirqueEvolution

Avez-vous des scènes labellisées…

Le Centre culturel Jacques Prévert bénéficie d’un certain rayonnement. Mais nous ne disposons d’aucune scène labellisée, car jusqu’à présent, il n’y avait pas de véritable projet culturel pour la ville. Ce que nous commençons à élaborer.

Les lignes de force de votre projet culturel ?

En plus du centre culturel, la ville dispose d’une médiathèque et d’un conservatoire. Bien que directement rattachés au service général de la Ville, ces deux établissements fonctionnaient sans réelles directives. Donc pas de direction de l’action culturelle. J’ai ainsi créé ce secteur en recrutant un directeur des affaires culturelles et en renforçant l’équipe avec une médiatrice ainsi qu’un poste administratif. Le service culturel est en charge de la mise en œuvre de la politique culturelle que nous avons définie, avec deux grands objectifs : d’une part, que chacun puisse s’emparer des arts et de la culture comme facteur d’émancipation et d’ouverture à l’autre et, d’autre part, rendre l’habitant acteur de sa propre culture et de sa propre démarche artistique, en prenant en compte le capital culturel de chacun.

Une approche droits culturels qu’on précise souvent en trois volets : accéder à la culture, y participer et y contribuer…

En effet. Il est vrai qu’on ne l’avait pas ainsi formalisé dans notre projet politique, mais c’est bien dans cette démarche-là que nous nous inscrivons puisque la participation citoyenne constitue la colonne vertébrale du projet politique de la Ville. Nos premiers projets s’appuient sur cette conception du partage.

A la Médiathèque de Villeparisis

Les droits culturels, c’est aussi une conception de la culture plus large, vers la fête aussi…

Nous souhaitons avoir pour cible prioritaire l’enfance, la jeunesse et, à travers elle, les familles. Notre méthode : associer la population et créer des rencontres qui procurent des moments de joie collective. Mais aussi aller à la rencontre des habitants là où ils se trouvent, via des opérations hors les murs, susciter des initiatives citoyennes et développer un programme d’éducation artistique et culturelle en direction des scolaires. Nous essayons développer une approche de la culture qui ne soit pas élitiste, pas descendante.

Et les musiques actuelles ?

Projet phare : construire un conservatoire (celui qui existe, fréquenté par 460 élèves, est assez mal logé à l’intérieur de la Maison pour tous), avec la prise en compte des musiques actuelles, des studios pour les jeunes et moins jeunes, mais aussi des salles adaptées aux musiques d’ensemble afin de favoriser la pratique collective. Pour ce projet, nous avons associé en amont les usagers du conservatoire, les enseignants ainsi que le conseil de participation citoyenne. J’ai également demandé qu’on travaille à son classement à rayonnement communal. Nous espérons pouvoir l’inaugurer en 2025.

Vous partez donc d’une quasi-page blanche…

On peut le dire comme ça, d’autant que de nouveaux directeurs pour le conservatoire et la médiathèque ont récemment pris leur fonction. C’est très passionnant tant il y a à faire, dans tous les domaines.

Comment articuler culture et environnement ?

En avril prochain, se tiendra la première Fête du printemps, sur les bords du canal de l’Ourcq, avec des ateliers et des interventions culturelles en lien avec les problématiques de la préservation de l’environnement. Des spectacles sur des thématiques environnementales sont aussi proposés.

La Fête de la musique, concert des solistes de l’Orchestre national d’Ile-de-France et la Fête du Parc

On sait désormais que les enjeux culturels sont éminemment transversaux…

Je travaille beaucoup avec l’élu à l’éducation, mais aussi avec celui au sport, par exemple autour d’une exposition de photos sur les pratiques sportives. Nous multiplions les projets en transversalité entre délégations. La dimension culturelle séduit l’ensemble de mes collègues.

Accordez-vous une place et/ou fonction particulière aux arts dans l’espace public ?

Nous sommes en contact avec des artistes de street art villeparisiens, dont un de renom, pour un projet sur l’ensemble de la ville. Par ailleurs, dans la cadre de la construction du nouveau conservatoire qui sera accolé au Centre culturel et à la médiathèque, nous souhaitons créer un pôle culturel doté d’un mobilier urbain de qualité sur lequel je vais travailler avec ma collègue à l’urbanisme, et aussi un festival autour des arts de la rue. Il existait déjà un festival intercommunal, le festival Primo. Nous avons décidé, conjointement avec la communauté d’agglomération et le Cnarep, de le doter d’un temps fort à Villeparisis, financé par la municipalité, afin lui donner une dimension plus importante. Cela aura lieu en septembre prochain, avec l’accueil notamment de la Compagnie Carabosse. Donc, oui, on investit l’espace public avec l’envie de créer des manifestations festives, fédératives, qui donnent du baume au cœur à tout le monde. De petits “tests”, si l’on peut dire, très bien accueillis, nous montrent qu’il y a une véritable attente.

Avec la crise sanitaire, le gens attendent-ils davantage de leur mairie, en proximité ?

Je ressens en effet ce regain de besoin de proximité. Par exemple, nous avons pour la toute première fois organisé une Fête de la musique, en faisant appel à toutes et tous. Il faisait beau. La Fête s’est prolongée tard dans la nuit. Une véritable réussite !

Vos ressources culturelles ?

Vasarely a offert à la Ville une sculpture, un grand V, J’espère que nous allons pouvoir travailler autour de ce patrimoine pour faire découvrir son œuvre et aussi mettre en valeur la trentaine de ses lithographies que possède la Ville. Nous sommes d’ores et déjà en contact avec la Fondation Vasarely pour une collaboration dans les années à venir.

Par ailleurs, nous développons depuis septembre dernier un CLEA [contrat local d’éducation artistique et culturelle] autour de la musique. Pour ce même domaine de l’action destinée au scolaire, un poste de Dumiste a été créé ; participeront également à ce projet un professeur de musique et un professeur de danse, notamment dans les collèges de la ville. Il y a aussi des ateliers cirque dans les classes et nous avons développé via la communauté d’agglomération un partenariat avec le réseau européen de soutien au cirque contemporain CirquEvolution. Un lieu pour l’installation d’un chapiteau a été repéré, mais nous travaillons également avec les villes voisines sur cette question de l’accueil de cirques.

Vous réunissez-vous avec les élu.e.s à la culture des villes avoisinantes?

Oui. Les deux communes proches avec lesquelles je suis le plus en lien sont Mitry-Mory, commune avec laquelle nous travaillons main dans la main, notamment pour harmoniser nos programmations, et la petite ville de Compans [800 habitants] où l’élue à la culture est très investie. Nous nous rencontrons dans la commission culture de la communauté d’agglomération, ce qui permet de multiplier les projets communs.

Vos relations avec le Département, la Région, avec la DRAC ?

Quelques pistes de collaboration financière avec le Département sont envisagées, pour le réaménagement de la médiathèque et pour le renouvellement du parc instrumental. Quant à la DRAC, pour le moment nous lui avons simplement envoyé un courrier en prévision d’une demande de classement du conservatoire.

La création des Conseils locaux des territoires pour la culture vous semble-t-elle pertinente ?

De tels échanges sont bien entendu très utiles, mais pour l’instant cela ne me manque pas – cette délégation est encore assez récente pour moi. Et je travaille déjà avec l’intercommunalité ainsi qu’avec d’autres collègues.

Quel sens prend aujourd’hui l’adhésion à la FNCC ? Qu’en attendez-vous ?

Nous avons adhéré l’année dernière, pour avoir davantage d’échanges et enrichir nos projets. Cela permet aussi de participer à un réseau et d’accéder à des ressources destinées à des élu.e.s. Il est également intéressant de pouvoir se référer au positionnement de la FNCC. Par exemple pour l’accès aux médiathèques et la problématique du passe sanitaire, je me suis appuyée en conseil municipal sur la position de la FNCC, que je trouvais pertinente. Une référence qui a conforté mes propos.

Propos recueillis par Vincent Rouillon