Ils ont été longtemps dédaignés… Aujourd’hui, les circuits de cinéma itinérants connaissent une vogue exceptionnelle consécutive notamment à quatre événements ou tendances : la crise de la Covid qui a conduit beaucoup de citadins à un retour en territoire rural avec une demande forte d’offre de culture, une présence médiatique accentuée sur les difficultés des cinémas à la suite du trop lent retour vers les salles des publics après les périodes de confinement – le besoin de cinéma tout autant que ceux des cinémas ont été de toutes les discussions –, la capacité des circuits itinérants et plus largement des circuits alternatifs à l’offre commerciale à fonctionner comme des lieux de vie et de rencontre, enfin l’urgence environnementale qui conforte une approche moins consumériste, dans la proximité et à plus petite échelle, de la culture.
Animateur de la table-ronde, Florian Salazar-Martin, vice-président de la FNCC, témoigne de cette reconnaissance en citant un récent rapport du Sénat (05/2023, sur le site de la FNCC) : « Les circuits de cinéma itinérants, trop peu connus, contribuent pour une part essentielle à la diffusion des œuvres au niveau local et à la satisfaction d’un public qui, pour plusieurs raisons, ne peut ou ne souhaite se déplacer vers les salles “fixes” les plus proches. Son fonctionnement repose sur le travail de bénévoles passionnés, qui doivent être salués pour leur engagement fort en faveur du cinéma, dont ils constituent l’ultime maillon de proximité. » Et précise que ce dynamisme existe grâce à la volonté et à la capacité des élus et du monde associatif à créer les réseaux itinérants.
Principe de l’itinérance de la diffusion cinématographique. Anne Livode, présidente de l’Association nationale des cinémas itinérants (Anci), une association créée à l’occasion du passage à la projection numérique avec l’objectif de la mise au point d’un système numérique adapté à l’itinérance, décrit le réseau.
Il existe 110 circuits itinérants (chacun disposant d’un numéro d’exploitant) travaillant avec 2 500 communes afin de compléter le paysage de l’offre de cinéma sur le territoire. Chaque circuit travaille avec de 4 à 100 communes. Leur principe se fonde sur un étroit partenariat avec les municipalités pour des projections dans des lieux agréés par le CNC, une “labellisation” légère qui demande notamment l’absence de proximité d’un cinéma fixe afin de ne pas entrer en concurrence sur un même territoire. L’autre partenariat fondamental des circuits de cinéma itinérants se fait avec les bénévoles, en appui à des professionnels. Sans eux, les circuits ne pourraient pas fonctionner.
Anne Livode précise également qu’il existe deux modèles de circuits itinérants : le cinéma qui s’installe là où les conditions le permettent et le circuit qui nourrit en films des “points de circuits”, certains lieux au départ éphémères devenant de tels lieux relai, voire de véritables salles de cinéma.
A noter que l’efficacité des circuits itinérants permet également le maintien de coûts minimes pour les communes que confortent des aides des Régions, Départements, EPCI ainsi que des DRAC. Une réelle reconnaissance donc politique qui ne va cependant pas sans entraîner une augmentation de la demande et donc des besoins de financement.
Un représentant des circuits itinérant en Ile-de-France ajoute à cette description un conseil stratégique, facteur lui aussi de succès du principe de l’itinérance : ne pas tenter de s’imposer mais aller à la rencontre des élus pour leur expliquer que c’est un outil culturel souple à leur disposition. Ce qui est aussi l’ambition de la FNCC : montrer qu’au-delà de sa réputation d’activité commerciale et privée, le cinéma est aussi un outil incomparable pour les politiques culturelles locales, notamment rurales. Ce dont témoigne les exemples développés lors de la table-ronde.
Maire de Nannay (Nièvre) et vice-président du circuit itinérant Panoramic, Bernard Seutin se félicite de la participation depuis 30 ans de sa commune à un circuit itinérant, qui a pris la suite d’un ciné-club. Il souligne avec force la qualité du rôle social des circuits, leur fonction d’espaces et d’événements de rencontre entre les habitants, ainsi que l’atout des animations et des projections proposées en plein air.
Pour sa part Christophe Bedrossian, maire d’Autrac (Haute-Loire) et lui-même occasionnellement médiateur cinéma, donne deux exemples de la nature proprement politique que peut jouer le cinéma en territoire rural. Sa municipalité propose, les dimanches matin, des projections de films français anciens sous-titrés à l’attention des personnes âgées malentendantes ; l’initiative connaît un succès grandissant. Autre exemple, des séances organisées avec le Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada), pour des projections de films des pays d’origine des demandeurs d’asile ou bien de films ne demandant pas une pleine compréhension de la langue français, par exemple du muet.
Le temps pour les tables-rondes proposé par le Salon des maires (une demi-heure) a été manifestement trop court pour donner la pleine mesure de l’apport de l’itinérance cinématographique. Telle aura été la conclusion unanime des auditeurs et des intervenants de ce moment de mise en valeur des circuits de cinéma itinérants.
Rendez-vous le mercredi 22 novembre 10h30 à 11h // Espace Culture – Pavillon 6, pour un temps d’échange sur :
Culture et territoires ruraux : l’atout des cinémas itinérants
Le cinéma itinérant, que le Sénat a appelé dans un récent rapport (mai 2023) « l’ultime maillon de proximité » du 7e art, est fort d’une centaine de circuits qui parcourent les territoires ruraux pour proposer, en étroit partenariat avec les communes et les départements, des séances de cinéma dans les salles polyvalentes, les salles des fêtes ou en plein air. Plébiscités, leur rôle de diffuseur dans des territoires peu équipés en salles de cinéma se double d’un important effet de cohésion sociale. Etat des lieux d’un outil remarquable et parfois méconnu de démocratisation de la culture.
Avec :
- Florian Salazar-Martin, vice-président de la FNCC, maire adjoint de Martigues
- Anne Lidove, présidente de l’Association nationale des cinémas itinérants (ANCI)
- Bernard Seutin, maire de Nannay, vice-président du Circuit itinérant Panoramic
Attention : inscription et badge nécessaires pour entrer au Salon des maires et des collectivités locales.
Inscriptions et informations pratiques pour préparer sa venue au Salon des maires et des collectivités locales via le lien : https://www.salondesmaires.com/
(image ©ANCI)