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Portrait culturel d’Aubière

Par 4 juillet 2019février 24th, 2023Aucun commentaire

Ville de 10 000 habitants partie prenante de Clermont Auvergne Métropole, Aubière (Puy-de-Dôme) bénéficie à la fois du riche patrimoine d’un village de vignerons et de la présence sur son territoire d’un campus universitaire. Autre atout, le projet de candidature de Clermont-Ferrand au titre de Capitale européenne de la culture apporte un dynamisme nouveau aux initiatives culturelles.

Eric CROUZET, 1er maire-adjoint chargé de la culture, de la vie associative et des sports, évoque une politique culturelle qui s’appuie fortement sur la vie associative et notamment sur son école de musique, corrélée à un orchestre d’harmonie en plein rajeunissement. Une priorité : l’éducation artistique et culturelle.

Quelles sont les caractéristiques d’Aubière ?

Aubière est un ancien village de vignerons. Après un certain déclin démographique, la ville a retrouvé son seuil de 10 000 habitants, signe d’une réelle revitalisation liée en partie à sa proximité avec Clermont-Ferrand : donc une terre très prisée. Nous avons également la chance d’abriter sur la commune un campus universitaire et scientifique drainant un grand nombre d’étudiants, d’enseignants et de chercheurs, au point de doubler la population le jour. Autre particularité, une importante communauté d’origine portugaise, avec notamment une association voisine avec laquelle nous avons organisé plusieurs événements. Enfin, la plus grande zone commerciale du Puy-de-Dôme se situe sur notre territoire. L’ensemble de ces éléments explique la diversité de la population d’Aubière.

Vous êtes en charge de la culture et 1er adjoint…

Cela témoigne déjà d’une preuve de confiance de la part du maire. Mais le fait que le 1er adjoint le soit à la culture signifie en effet aussi l’affirmation d’une volonté politique, d’une priorité. Cela s’explique en partie par un certain retard pris en ce domaine et une urgence à se remobiliser. Par ailleurs il va de soi qu’en conseil municipal, avoir la confiance du premier magistrat aide forcément, car c’est à lui qu’il revient de trancher, notamment quand il est question de choix budgétaires significatifs. Pour autant, et de manière générale, la conscience de l’importance des enjeux culturels est bien partagée par l’ensemble des élus.

Quel rôle joue la culture dans la vie de la cité : animation, ouverture, attractivité… ?

Tout d’abord un rôle d’animation, avec le souhait d’une offre diversifiée afin de répondre aux attentes de tous les publics. Nous nous appuyons en particulier sur le fait que le plus gros marché dominical de la région se tient chez nous, l’occasion de mettre en avant diverses expressions culturelles – musiques, arts plastiques… – au travers d’événements appelés “Les Ephémères du Marché”. L’autre aspect du rôle de la culture réside dans sa contribution à l’attractivité du territoire ; une dimension que nous travaillons en complémentarité avec Clermont Auvergne Métropole.

Vous êtes également en charge du sport. Y a-t-il une articulation, une complémentarité entre sport et culture ?

Anciennes caves à vin en pays d’Aubière © Chantal Gayaud

J’aborde ma délégation au sport davantage dans le cadre de mon mandat à la vie associative que du point de vue des pratiques sportives professionnelles. Je m’appuie aussi sur l’aspect transversal de la culture en ce qu’elle concerne l’urbanisme et le cadre de vie, donc aussi le sport. Par ailleurs, des associations œuvrant dans l’esprit de l’éducation populaire sont actives sur la commune. Nous bénéficions aussi d’un patrimoine architectural vigneron, soit 900 anciennes caves à vin pour beaucoup devenues des lieux de convivialité et d’essor de la vie associative.

Quel est la priorité de la politique culturelle à Aubière ?

En arrivant à la municipalité, nous avons tout d’abord fait un état des lieux culturel. Avec le constat que la proximité de Clermont générait pour les publics adultes des habitudes de sorties culturelles à Clermont. D’où une priorité mise non sur l’offre de spectacles mais sur l’éducation artistique et culturelle, pour essayer de donner aux jeunes le goût et la familiarité de la culture.

Une expression artistique particulière guide-t-elle votre politique ?

Peut-être un accent particulier mis sur la musique. Nous disposons d’une école de musique associative (financée aux trois quarts par la municipalité) ainsi que d’une harmonie : deux atouts d’autant plus dynamiques que le directeur de la première, qui est également le chef d’orchestre de la seconde, est une personne d’un grand professionnalisme et d’un grand dynamisme. C’est ainsi qu’a été mis en place, depuis maintenant six ans, un orchestre à l’école qui bénéficie d’une reconnaissance unanime. Il y a eu au départ une difficulté liée au manque de formation en solfège des enfants, ce qui les décourageait de continuer la pratique musicale après l’expérience de l’orchestre à l’école. Le directeur de l’école a donc proposé un rattrapage en instruction musicale et, depuis, le pourcentage de jeunes qui poursuivent est remarquable.

Toujours dans le domaine de la musique, un Dumiste est impliqué et, côté éveil encore, une professeure de l’école de musique s’engage dans les écoles maternelles. Donc des séances d’éveil pour ainsi dire professionnelles.

Quelles sont les principales ressources culturelles de la ville : équipement, tissu associatif… ? Les manques ?

Nous nous appuyons beaucoup sur notre dense tissu associatif, en particulier une compagnie de théâtre en amateur et bien sûr sur l’école de musique que j’ai déjà évoquée. En revanche, nous manquons cruellement d’un équipement proprement culturel, dédié à la diffusion. Nous sommes heureusement en passe de remédier à ce manque grâce au soutien de la Métropole qui a déployé un plan d’équipements communautaires dans toutes les communes. Nous touchons au but, puisque la première pierre sera posée courant juillet. C’est un soulagement. Pour cet équipement, le choix a été celui de la complémentarité avec la Métropole, avec une salle de jauge réduite (150 places) mais aussi une salle d’exposition et des capacités d’accueil en résidence de plasticiens.

Sentez-vous une forte attente de culture de la part des habitants ?

On peine un peu… Les habitudes sont à Clermont, et ce d’autant plus que nous sommes reliés par un tramway direct. Mais cela progresse, notamment avec l’université au travers du Bureau des étudiants.

Disposez-vous d’une médiathèque ?

Oui. Elle a la particularité d’avoir été transférée à l’ancienne communauté d’agglomération dès 2004, dans le cadre d’un plan global de lecture publique conçu par “bassins de lecture”. Elle fonctionne très bien, mais les relations de la mairie avec les bibliothécaires sont un peu distendues. Là encore l’arrivée d’un nouveau responsable pour notre pôle lecture devrait pallier ce défaut.

Quels sont vos liens avec la Métropole ?

Depuis que le maire de Clermont-Ferrand et président de la Métropole, Olivier Bianchi, s’est engagé dans la candidature Capitale européenne de la culture pour 2028, nos relations se développent de façon spectaculaire. Le choix a été de mettre en place un suivi culturel déployé dans le temps avec des manifestations organisées tout au long de la période de construction du dossier de candidature, prévu pour être finalisé en 2023.

Ce processus a eu un bon écho, quoique jugé un peu trop clermonto-clermontois. D’où l’embauche d’une personne en charge de la cohésion sur l’ensemble du territoire, ce qui a eu un fort effet de dynamisme, à tel point que, lors des Journées européennes du patrimoine, une manifestation autour du vin et de l’eau a été proposée sur l’ensemble des 21 communes de la Métropole. Cet état d’esprit a également rapproché les communes entre elles, avec des réunions de toutes les communes par bassin de vie. Dès lors on se rencontre et cela apporte beaucoup de  »peps » même si, auparavant, il y avait déjà quelques mutualisations avec les communes limitrophes d’Aubière.

Quels sont vos liens avec le Département, la Région ? Avec la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes ?

Le lien avec le Département a toujours été privilégié, en particulier pour le festival Les Automnales avec le financement d’une quinzaine de spectacles donnés dans plusieurs communes. Grâce à sa participation, il est possible de proposer une offre plus conséquente.

L’EAC relève d’une certaine manière des droits culturels, puisqu’il s’agit d’amener vers la pratique artistique, vers la rencontre avec des artistes, au-delà d’une pure logique de consommation culturelle.

Avec la Région, la relation s’avère moins probante. Mais, avec le projet de Capitale européenne de la culture, les choses commencent à bouger. Quant à la DRAC, comme la Région, elle est un peu loin… Nous avons cependant eu des relations, d’ordre ponctuel, au moment de la découverte d’une croix du 16e siècle. Elle était dispersée en plusieurs morceaux. Ne sachant que faire, nous avons fait appel à elle. La croix devrait être classée cet automne. Mais par ailleurs, quand la responsable culturelle tente d’appeler la DRAC, la difficulté est grande… Sans doute sont-ils débordés.

Orchestre à l’école

On parle aujourd’hui des “nouveaux paradigmes” des politiques culturelles : droits culturels, diversité, dialogue interculturel, participation… Ces notions inspirent-elles votre action ?

L’importance de ces notions se ressent dans nos relations avec le campus universitaire. Par ce biais, des échanges interculturels prennent forme peu à peu. Nous tentons également de développer une approche plus participative dans un quartier de logements sociaux, avec une grande mixité de population. Enfin, l’EAC relève d’une certaine manière des droits culturels, puisqu’il s’agit d’amener vers la pratique artistique, vers la rencontre avec des artistes, au-delà d’une pure logique de consommation culturelle.

On est à moins d’un an des élections municipales. Des éléments de bilan ?

Quelques éléments positifs : la perspective proche de disposer d’un vrai lieu culturel, le succès de l’orchestre à l’école, le rajeunissement des effectifs de l’harmonie et aussi l’aide à la création artistique.

La “crise des gilets jaunes” n’indique-t-elle pas la nécessité d’un changement d’approche ?

Il est vrai que la démocratisation culturelle concerne un peu toujours les mêmes et que certains peuvent avoir un sentiment d’abandon. Nous essayons donc d’agir, par exemple dans un quartier isolé. Mais il reste difficile d’attirer l’attention et on bute sur le sempiternel “ce n’est pas pour moi”. Il y a une perspective pour que le Cirque tzigane Romanes inclue Aubière dans une tournée… La culture dans l’espace public constitue peut-être l’une des pistes de solution.

La Ville d’Aubière est de longue date adhérente de la FNCC. Que vous apporte la Fédération ?

Lors de mon premier mandat, c’est grâce aux formations de la FNCC que j’ai appris le B.A. BA. Et chaque fois que je participe aux réunions, par exemple aux séminaires pour les adhérents, j’en ressors “reboosté”. Et aussi, le rôle de la Fédération dans les instances de décision nationales est important pour promouvoir une approche de terrain et non s’en tenir à une vision surplombante.

Propos recueillis par Vincent Rouillon