Formé d’une trentaine de structures, le “Collectif à durée déterminée pour le plan Chant choral” et la Plate-forme interrégionale ont organisé en juillet dernier un séminaire intitulé : « Encadrer les pratiques vocales et chorales dans les établissements scolaires : référentiels de compétences, enjeux et perspectives pour les encadrants ». Les Actes du séminaire sont désormais disponibles. Au travers de très nombreuses interventions se dessinent les conditions pour déployer des actions de qualité sur ce champ particulier de l’éducation artistique et culturelle. Quelques notes et un exemple.
Un vade-mecum. Parmi les outils disponibles pour faire du “Plan chorale” à l’école, initié en décembre 2017 par les ministères de l’Education nationale et de la Culture, une réalité en fédérant l’ensemble des acteurs – enseignants, artistes-musiciens, musiciens-intervenants en milieu scolaire (Dumistes), collectivités territoriales… –, le vade-mecum élaboré au niveau national s’impose en premier lieu.
Ce guide part essentiellement des enseignants, indiquant qu’une chorale à l’école doit être le projet d’une équipe de professeurs, avec une précision notable : la chorale sera dirigée par l’un d’entre eux (d’où l’extrême importance du travail de formation, initiale comme continue). Mais compte tenu des millions d’élèves qui doivent être concernés, la chorale d’école est tributaire de partenariats avec les acteurs culturels du territoire et notamment avec les conseillers pédagogiques d’éducation musicale (CPEM) et les Dumistes, aujourd’hui dotés d’un nouveau référentiel auquel la FNCC a contribué.
Enfin, il ne s’agit pas d’une chorale par école mais, autant que possible, de la participation des élèves de plusieurs écoles à une initiative globale autour du chant choral : « La dynamique induite par des projets associant plusieurs écoles et/ou établissements est incontestable. »
Le rôle des collectivités. Le vade-mecum insiste également sur la nécessaire inscription des chorales dans les politiques culturelles locales : « Le développement d’un projet choral s’inscrit dans le volet culturel du projet d’école ou d’établissement. Il s’intègre aux politiques d’EAC menées localement par les services de l’Etat et les collectivités territoriales et tire parti de partenariats avec les acteurs culturels de proximité. » Il précise aussi que les DRAC et les services culturels des collectivités sont des points d’entrée pour identifier des partenaires.
Mais comment amener les enseignants à oser créer leur chorale d’école et comment construire et nourrir leur motivation ? Eléments de réponse : veiller à construire un projet fédérateur, prévoir une « finalisation motivante dans un lieu culturel de référence », proposer des temps de formation partagés et mettre en place un accompagnement des enseignants. La réussite d’une expérience en Moselle fournit ici un exemple concret.
“1, 2, 3 chorale”, une expérience départementale en Moselle. Cette recommandation de construire des projets collectifs entre établissements scolaires a été à la source d’une expérimentation en milieu scolaire, dans différents formats d’ensembles vocaux, en Moselle au cours de l’année 2018/2019. Les Actes en rapportent la présentation par Elisabeth Bock (CPEM), Tristan Krenc (directeur de l’INECC Mission Voix Lorraine/Centre de ressources pour les pratiques chorales et vocales) et Florent Stroesser (formateur chef de chœur et ancien directeur de conservatoire).
Six écoles volontaires ont été identifiées avec, au sein de chacune, la formation d’une équipe de trois ou quatre enseignants accompagnée par un musicien-intervenant. Mais que chanter pour pérenniser cet engagement commun ? Le choix a été fait de combiner un répertoire partagé par l’ensemble des écoles et des chants spécifiques à chaque établissement. Enfin, l’année scolaire s’est close par un concert dans la prestigieuse salle de L’Arsenal de Metz, le 18 juin 2019, réunissant plusieurs centaines d’enfants et impliquant 23 enseignants ainsi que trois Dumistes.
L’expérience mosellane “1, 2, 3 chorale” illustre ce propos conclusif de l’ancien directeur du Centre de formation des musiciens-intervenants en milieu scolaire (CFMI) de Lyon, Gérard Authelain : « La première chose qui ressort pour moi, si je dois faire le résumé de la journée, c’est que quand on fait des choses intéressantes, c’est qu’on a réussi à les faire à plusieurs ! L’enthousiasme vient de ce qu’on a réussi un partage qu’on ne récupère pas pour sa seule structure. »