Le Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle s’est réuni en visio-conférence le 7 mai en présence des ministres de la Culture et de l’Éducation nationale et une soixantaine de personnes. la réunion était animée par Emmanuel Ethis, vice-président du Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle. Les dix-sept interventions ont été réparties entre des élus (membres du HCEAC et élus des villes pilotes de l’objectif du 100% EAC), des artistes et des acteurs de structures ou fondations culturelles.
Jane-Marie Hermann, élue à Viroflay, et Françoise Rougerie, élue à Lille, étaient présentes au nom de la FNCC. A noter également les interventions d’Hacène Lekadir et Christian Daniel, respectivement maire-adjoints à la culture de Metz et de Saint-Brieuc, ainsi que du maire de La Courneuve Gilles Poux. Ces trois villes sont adhérentes à la FNCC.
Le ministre de l’Education nationale considère l’EAC comme une force motrice pour accompagner les élèves lors de la réouverture des écoles et ainsi pour « faire d’un mal un bien » grâce aux nombreux exemples de nouvelles pratiques induites par la période de confinement. L’été sera placé sous le signe de “vacances apprenantes et culturelles” animées en proximité par les acteurs locaux ; cette perspective concernerait notamment les colonies de vacances. Il rappelle également le projet du dispositif dit “2S2C” (pour sport-santé-culture-civisme) de son ministère, lequel prévoit des propositions d’activités dans d’autres lieux que les établissements scolaires, en partenariat avec les collectivités.
Le ministre de la Culture se félicite de la densité des propositions culturelles mises en ligne par les professionnels et les collectivités. Ces initiatives ont amplifié le besoin de culture et suscité le désir d’apprendre, ce que démontre le succès de l’offre de son ministère #culturecheznous. Le ministère veillera également à faciliter l’inscription des artistes dans “l’été apprenant et culturel” à venir. De ce même point de vue, il salue le projet de Saint-Brieuc d’un projet d’EAC par classe et par année ainsi que celui de Metz d’associer un artiste à chaque école. De façon plus générale, la médiation numérique constitue un enjeu d’avenir pour l’EAC.
Après ces propos préliminaires, les différentes interventions ont convergé sur ces deux constats : l’invention de réelles solutions numériques et à distance pour assurer la continuité de la sensibilisation à la culture, mais aussi le creusement inquiétant des inégalités d’accès.
Pour la FNCC, Jane-Marie Hermann se fait l’écho des retours du questionnaire rédigé par le HCEAC que la Fédération a transmis à ses collectivités adhérentes. Avec quelques remarques :
- une abondance de propositions culturelles en ligne, avec un rôle important des bibliothèques pour les enrichir et les transmettre,
- une certaine continuité à distance de l’enseignement des établissements d’enseignement artistique spécialisé et de certaines activités d’EAC,
- un point de vigilance sur l’importance à ne pas confondre offre culturelle et EAC proprement dite, la rencontre, le contact avec les œuvres et les artistes et la pratique artistique ne peuvent se passer du « présentiel ».
Un bilan de cette période de confinement permettrait d’en tirer le meilleur et de pérenniser certaines actions.
Enfin, Jane-Marie Hermann interroge le ministre de la Culture sur les aides de l’Etat pour mettre en place la perspective de “vacances apprenantes et culturelles”.
En réponse, le ministre de la Culture estime qu’il ne faut opposer ni offre culturelle et EAC, ni accès numérique et accès physique : ces dimensions sont toutes complémentaires. Il note également l’importance de prendre en compte l’évolution massive de nouvelles pratiques tout en regrettant que les ressources numériques disponibles – qu’il importerait de mieux articuler entre elles – ne soient pas aujourd’hui à la hauteur des besoins et des possibilités.
Saluant à nouveau l’intensité des initiatives des collectivités, Franck Riester insiste sur le fait qu’en matière d’EAC notamment, rien ne peut se faire sans elles : la collaboration renforcée entre les collectivités et l’Etat est d’ailleurs placée au cœur de la nouvelle direction créée au ministère de la Culture dont le périmètre de travail conjugue, en lien avec les autres directions, à la fois l’accès à la culture, la démocratisation culturelle, l’EAC et le partenariat avec les collectivités.
Les interventions des professionnels mettent à jour quelques difficultés dans la transposition numérique de leur action :
- perte de confiance des élèves,
- difficultés de restitution des ateliers,
- défiance vis-à-vis des nouvelles pratiques,
- problèmes de maîtrise des outils numériques,
- découragement de certains artistes…
Pour Robin Renucci, directeur des Tréteaux de France, si la crise est l’occasion de réaffirmer le besoin d’art et d’en réinventer les modes de sensibilisation et d’éducation, le numérique ne suffit pas : le rapport au public, aux élèves, aux enseignants reste un impératif. Il suggère également plusieurs exigences pour l’avenir, sachant que le théâtre jeune public constitue une part importante des ressources des acteurs culturels : pérenniser les structures d’économie sociale et solidaire et ouvrir le Pass culture à l’ensemble des lycéens.
Prises de parole d’élus de Villes du Collège EAC
La Courneuve. La crise a montré l’importance de la fracture numérique dans la population. Côté acteurs culturels, il faut être attentifs aux petites structures afin qu’elles ne s’effondrent pas. A la Courneuve, l’EAC est au principe de l’ensemble de la politique culturelle de la Ville. Pour passer le cap de cette crise sanitaire et préparer l’avenir de l’EAC, il serait nécessaire de former à la fois les enseignants, les animateurs et les intervenants afin de favoriser la cohérence et la complémentarité des actions. Il faudrait par ailleurs que l’Education nationale se dote de chargés de mission dédiés pour favoriser le lien avec les collectivités et les acteurs culturels.
Saint-Brieuc. La mise en place d’un comité technique réunissant la Ville et sa direction des affaires culturelles, les équipements culturels et l’Education nationale a permis une continuité des actions d’EAC avec des restitutions des ateliers en vidéo – ce qui permet d’être confiants pour l’avenir.
Metz. La période constitue une “fenêtre de tir” pour inscrire davantage la culture aux côtés des savoirs principaux. Mais les Villes – qui doivent être les chefs d’orchestre de l’EAC – auront besoin de l’Etat, notamment pour faciliter l’accueil en résidence des artistes dans les écoles. Le ministre de la Culture s’engage sur ce point.
Autres communes 100% EAC : Bessancourt (Val d’Oise), Cannes et Carros (Alpes-Maritimes), Château-Thierry (Aisne), Rennes, Guingamp (Côtes-d’Armor)
Autre article en lien : synthèse des réponses des collectivités adhérentes à la FNCC au questionnaire du HCEAC « Confinement : EAC, enseignement artistique et offre culturelle«