Skip to main content
ActualitésPatrimoine

Rapport sur le patrimoine maritime

Par 14 avril 2023mai 3rd, 2023Aucun commentaire

Le 13 avril, l’architecte et urbaniste général de l’Etat Henry Masson remettait au ministre de la Culture et au secrétaire d’Etat chargé de la Mer un rapport sur le patrimoine maritime. A cette occasion, une convention sur la valorisation des ouvrages maritimes a été signée. Objectif : « A l’heure où les Français sont particulièrement attachés à leur patrimoine, la valorisation du patrimoine maritime doit être organisée et encouragée, en lien notamment avec les collectivités locales lorsqu’elles en ont la responsabilité. » Pour gérer et valoriser ce patrimoine, la première étape est de l’identifier.

Périmètre du patrimoine maritime et fluvial. Avec 7 300km de côtes, dont 1 400 en outre-mer, et 975 communes littorales la France possède le deuxième domaine maritime mondial après celui des Etats-Unis. Du point de vue historique également, la puissance maritime a toujours été au cœur des préoccupations de l’Etat français, entraînant d’innombrables constructions aujourd’hui classées Monuments historiques.

Pour organiser cette extrême densité du patrimoine maritime français, dont témoignent aujourd’hui 110 « secteurs patrimoniaux remarquables », le rapport en distinguent quatre types d’éléments :

  • 200 bateaux historiques, pour l’essentiel propriété de la marine nationale,
  • 150 musées, pour une part labellisés « musées de France », pour l’autre issus d’initiatives associatives et donc en situation de précarité,
  • 105 phares classés Monuments historiques,
  • et un immense patrimoine immatériel qui, outre les paysages, comprend des savoirs et savoir-faire (récolte du goémon en Bretagne, pêche à la sardine de Saint-Gilles Croix-de-Vie en Vendée…), des pratiques sociales et festives (fêtes de la Mer à Capbreton, à Saint-Jean-de-Luz…), des pratiques physiques (rames traditionnelles, joutes arrageoises et languedociennes, yole ronde de la Martinique…) et des jeux (jeux nautiques en Bretagne, joutes nautiques provençales…).

Dessin de Victor Hugo pour illustrer les “Travailleurs de la mer” (reproduit dans le rapport)

Inspiration maritime.  A ces quatre domaines quantifiables de sites, monuments, objets ou pratiques maritimes s’ajoute le champ incommensurable des œuvres liées à la mer, qu’elles soient littéraires, musicales ou picturales. Henry Masson cite, pêle-mêle, Victor Hugo, Baudelaire, Charles Trenet, Léo Ferré, Géricault…

Préconisations. Notant que « la place de l’Etat, propriétaire d’une part de larges emprises foncières littorales et d’autre part chargé de missions régaliennes que remplissent ses différentes administrations, lui donnent une place prépondérante dans la connaissance et la mise en valeur du patrimoine maritime » – d’où l’importance d’une politique interministérielle –, le rapport identifie 18 préconisations dont beaucoup relèvent de l’échelle nationale. Pour autant, les sept suivantes concernent, directement ou indirectement, les collectivités territoriales :

  • Nommer un référent régional dans chaque administration concernée pour développer ou reconstituer, dans chacun des ministères – et tout particulièrement dans les DRAC –, un réseau de référents pour le patrimoine maritime.
  • Inciter à la création, dans chaque région, d’un groupe de travail « patrimoine maritime » animé par la DRAC et le réseau régional, et réunissant l’ensemble des musées sur chacun des littoraux concernés.
  • Organiser, sur le modèle des Journées des phares, les Journées du patrimoine maritime sous forme d’entretiens annuels.
  • Prendre en compte dans le cadre du Fonds incitatif pour le patrimoine (FIP) et soutenir avec le Fonds d’intervention maritime (FIM) des projets touchant au patrimoine maritime en affichant clairement la stratégie budgétaire en matière de restauration de bateaux protégés.
  • Construire, en lien avec les collectivités et en tenant compte des CPER, un « Plan Musées maritimes 2023-2028 » pour garantir un soutien solide aux porteurs de projets structurants.
  • Constituer une Académie du patrimoine maritime offrant des formations à différents niveaux : collège, lycée, supérieur et s’adressant à des publics différents.
  • Encourager la mise à l’étude de sites patrimoniaux remarquables (SPR) tenant compte des spécificités du patrimoine maritime sur les espaces urbains côtiers pour donner aux autorités compétentes les moyens de conserver ce patrimoine particulier.
  • Prendre en compte de la même manière le patrimoine fluvial pour élargir le champ et construire une politique du patrimoine maritime et fluvial.

Par ces mesures et initiatives, l’administration nationale « doit se donner les moyens d’apporter son expertise et son conseil aux collectivités locales ». Un exemple illustre une telle coopération : à Nice, le travail de longue haleine articulant un travail d’inventaire, la mise en place d’un Site patrimonial remarquable et une labellisation Ville d’Art et d’Histoire constitue un exemple efficace de travail conjoint entre l’Etat et la Ville au service du patrimoine maritime. Autre voie de collaboration effective entre l’Etat et des collectivités, ici avec l’Education nationale, de nombreuses initiatives d’EAC orientées autour du patrimoine maritime : “Aires marines éducatives” en Polynésie française ou en Bretagne, “Classes de mer”, etc. Une approche à développer.

Reconnaissance du patrimoine maritime et de ses acteurs. Mais la principale conclusion du rapport, qui en est également l’introduction, réside dans le projet même de commander un rapport sur le patrimoine maritime : évoquant les plus de 300 interlocuteurs rencontrés, son auteur souligne que « tous se sont trouvés honorés de la considération qui leur était manifestée, heureux d’être reconnus et écoutés ». Tous ont également confié leurs espoirs quant aux suites de cette attention. Dès lors, cette obligation : « Il convient que les services de l’Etat se mobilisent dès à présent, car ces attentes ne peuvent pas être déçues ! »

Engagement via la convention interministérielle. Extrait du communiqué : « Sur la base des recommandations issues du rapport, cette convention a pour objet, en formalisant l’intérêt partagé du ministère de la Culture et du secrétariat d’Etat chargé de la Mer, d’harmoniser les pratiques sur l’ensemble du territoire et de définir les règles et rôle de chaque ministère dans le processus de connaissance et de mise en valeur » du patrimoine maritime identifié par Henry Masson.


A télécharger
Le communiqué du 13 avril 2023
Le rapport sur le patrimoine maritime