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Visionnage Internet et fréquentation des salles

Par 23 mai 2022Aucun commentaire

A la veille du retour de la FNCC au Festival de Cannes pour une rencontre (19/05) sur l’avenir du cinéma post-Covid et le rôle de collectivités, au moment aussi où le CNC publie un bilan positif de ses activités pour 2021 par rapport à 2020 mais en retrait par rapport aux années pré-pandémie et avant qu’il ne rende publique une étude sur une fréquentation des salles marquée par un reflux d’environ un tiers de leur public, l’Association française des cinémas Art & Essai met en ligne un premier travail statistique sur les pratiques du visionnage (SVOD) sur les plateformes en ligne.

Jusqu’à présent, les trois expressions artistiques dont les filières sont intrinsèquement concernées par l’essor des technologies en ligne vivaient la mutation numérique de manière différente.

  • Première touchée, la musique, a finalement dépassé la crise de l’effondrement de la vente de disques en tournant le numérique à son avantage, essentiellement via le streaming et les plateformes d’écoute en ligne payantes, même si d’autres problèmes se posent à elle, notamment du fait de phénomènes de concentration économique des festivals.
  • Le livre, pour sa part, vit de manière plutôt apaisée une coexistence entre le traditionnel « livre papier » et le « e-book » ou la lecture sur site, ces dernières formes ne représentant qu’un faible part des ventes, de surcroît concentrée sur quelques créneaux, notamment les guides et ouvrages pratiques, avec cependant des interrogations sur une diffusion des librairies en lignes qui a fortement bénéficié de la crise sanitaire et menace l’avenir des librairies indépendantes. Mais ici, le législateur a su réagir en adoptant dès la sortie de la crise sanitaire (décembre 2021) une loi transposant le principe du prix unique du livre (loi « Lang ») dans le domaine de l’achat en ligne.
  • Enfin, le cinéma en salle, et donc une part importante du financement de la diversité de la création cinématographique via la taxe sur la billetterie prélevée par le CNC, résistait. Mais, les salles peinant à refaire le plein (baisse de 55% de la fréquentation en 2021 par rapport à 2019 et encore de 30% en mars 2022, selon les chiffres du CNC) malgré la levée de l’intégralité des restrictions sanitaires, l’heure est à l’inquiétude…

Essor du visionnage en ligne. Plusieurs éléments contribuent aujourd’hui à éloigner le public des salles et à fragiliser le modèle économique de la filière du cinéma. Certes l’appétence pour le cinéma n’a jamais été aussi forte et les grandes maisons de production continuent d’engranger des bénéfices considérables. En revanche, la diversité de la création pâtit du fait même de l’essor de géants numériques. Les politiques publiques tant de l’Etat que des collectivités pour la promouvoir sont confrontées à la nécessité de se réinventer. Trois raisons expliquent de la crise de l’audience des salles de cinéma :

  • La crise Covid a entraîné une profonde – durable ? – mutation des pratiques culturelles, favorisant bien au-delà des seuls jeunes le visionnage en ligne : multiplication des écrans dans les foyers, familiarité accrue avec le fonctionnement numérique, migration des contenus culturels sur Internet pendant les périodes de confinement. On sort moins, d’abord par crainte sanitaire puis par habitude, voire par goût.
  • Des plateformes géantes de films en ligne (type Netflix, Prime video, Disney+) connaissent un tel dynamisme que, bousculant, voire annulant, le principe de la chronologie des médias, un nombre croissant de films vont jusqu’à faire l’économie totale d’une sortie en salle.
  • Enfin, esthétiquement, le principe de la série, par définition répétée et par tradition télévisée donc naturellement adaptée aux écrans numériques, est de plus en plus plébiscité et exploité par les grandes plateformes de visionnage en ligne.

Documenter la crise. Ce nouveau contexte est certes clairement ressenti. Mais il est mal connu, ce qui entrave une réflexion prospective sur l’avenir du cinéma. D’où la commande à l’Ifop par l’Association française des cinémas Art & Essai de l’étude « Les films et les séries sur les plateformes de streaming ». La première du genre. « Objectifs : connaître les taux d’abonnement aux plateformes pour chaque opérateur, les principales motivations et usages des abonnés, les éventuelles conséquences sur leur fréquentation des salles et enfin avoir des repères sur les niveaux de visionnement des séries et films très grand-public comme des films d’auteur. »

Les chiffres. Ils sont saisissants :

  • seuls 32% des Françaises et des Français se rendent dans les salles de cinéma au moins une fois par mois depuis leur réouverture en mai 2021 et 61% au moins une fois par an,
  • l’utilisation des plateformes de SVOD a concurrencé la fréquentation des salles : si 54% des personnes interrogées déclarent que le visionnage de plateforme n’a pas modifié leur fréquentation des salles, 29% disent moins s’y rendre et 12% plus du tout,
  • plus de 6 Français sur 10 souscrivent à des offres audiovisuelles payantes et les spectateurs habitués (assidus ou réguliers) du cinéma sont plus enclins à s’abonner à ces offres que le reste de la population,
  • le profil d’abonnés SVOD est plus jeune que l’ensemble de la population – une pratique donc potentiellement croissante à l’avenir – et la consommation de séries, désormais plus fréquente que le visionnement de films, est particulièrement prisée par les jeunes (les plus âgés sont plus enclins à regarder en ligne des films),
  • la crise sanitaire a été un accélérateur de l’abonnement aux offres SVOD, la souplesse du « on demand » étant leprincipal atout des plateformes,
  • les deux tiers des abonnés SVOD regardent des films et des séries au moins une fois par semaine/

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Les films et les séries sur les plateformes de streaming